Najafabad bicycle club
Guidon, équilibre, premiers tours de pédalier, c’est parti pour les trente kilomètres qui séparent Najafabad d’Isfahan. “C’était un essai pour voir si je pouvais voyager à travers le monde comme Poupée Mahdavi”, son idole du moment. Hajar a 18 ans quand elle décide d’économiser pour s’acheter un vélo.
“Je sortais tôt le matin quand la maison dormait et je rentrait avant que mes parents ne se réveillent, je l’ai caché pendant deux ans dans mon placard”. Faire du vélo quand on est une femme c’est interdit en Iran, ou presque. Ce n’est pas puni par la loi ou condamné dans le Coran mais certains considèrent que le vélo expose le corps des femmes qui pédaleraint pour attirer le regard des hommes. “La police peut vous arrêter et confisquer votre vélo”. Beaucoup ragotent, d’autres vont jusqu’à l’insulte. Ses parents lui disaient: “pourquoi faut-il toujours que tu sois la première? Ils auraient aimé que j’attende que ça devienne normal pour faire du vélo mais je ne pouvais pas attendre que la société change”.
Elle décide d’aller convaincre quelques femmes que faire du vélo c’est aussi garder la forme, lutter contre les embouteillages et la pollution et juste un plaisir. Elle présente les mêmes arguments à la Mairie et finit par obtenir une autorisation pour le vendredi matin, avec une heure et un tracé précis, une escorte policière. “Les femmes se sentaient indépendantes, fières d’y arriver aussi bien que les hommes et libres” raconte Hajar qui décide que c’est le moment de faire son coming out à ses parents. “Mon père a vu le groupe, il était d’accord pour un temps et puis un jour il m’a dit que je devais arrêter”. Elle a continué a suivre le peloton en voiture pour pas que ça s’arrête mais beaucoup de maris ont interdit à leur femme de continuer et tout s’est définitivement terminé quand les mollahs de Najafabad ont jugé que ces femmes dans le pêcher étaient la honte de la ville.
“J’ai compris qu’on ne pouvait pas changer une société d’un coup, qu’il fallait agir petit à petit, femme après femme”. Quand je lui demande si elle pédale par militantisme, pour l’égalité des sexes, elle ne romance pas: “c’est eux qui en ont fait une question politique, je voulais juste faire du vélo”.
Aujourd’hui Hajar continue de rouler. Elle ironise “Quand je me suis mariée je suis passée sous un autre contrôle, mon père ne pouvait plus m’en empêcher”. Mohammad lui a acheté un vélo et ensemble ils sont allés jusqu’en Turquie. Elle se souvient “il y a douze ans, quand j’ai commencé à faire du vélo j’étais la seule à Najafabad. Maintenant il y à d’autres femmes qui pédalant, c’est devenu un petit peu plus normal”. Certains medisants se sont ravisés, les lignes bougent, Hajar en est fière, c’est son salaire.