Le démon de mes nuits
C’est son sommeil contre le mien. Pour l’instant, il gagne. Il y a des bruits répétitifs que j’apprécie attention: le tacatac tacatac du train sur les rails, le crunch crunch des pas sur le gravier, le boum boum de Nujabes. Mais là ça sonne faux, c’est le son de l’asphyxie, de cavités nasales qui vibrent à s’en rompre, on m’a transformé en bistouri en pleine intervention chirurgicale alors que j’aimerais seulement dormir. “Il y peut rien”, “ouai mais il pense pas aux autres, il se comporte comme les gens qui emmènent leur nourrisson à l’opéra”, “égalité des droits: les ronfleurs aussi peuvent accéder aux dortoirs”, “ma liberté s’arrête la ou commence celle des autres”, “inversement” et merde. Je m’élance d’un pas non feutré jusqu’à une porte qui grince. Meme pas besoin, le type se met en angle droit en poussant un petit “ouh” d’effroi qui a sur son petit concert l’effet d’une coupure de courant. La victoire ne sera que de courte durée et je le sais. J’évalue mes chance de m’endormir avant le prochain service comme celles du gosse qui avale un énième verre d’eau sous les conseils de sa mère, la gorge nouée et la pilule déjà a moitié fondue sur la langue. Je suis tendu. Ce qu’on ne dit pas c’est que Jean Paul Sartre a passé beaucoup de temps dans les auberges de jeunesse avant d’aller frimer chez Flore, c’est de la qu’il tient que l’enfer… Bonne nuit.