Au pays des kazakhs
De la même façon que la rive est du Baïkal était une introduction à la Mongolie, Olgii et le grand ouest sont la bande annonce de l’Asie centrale. Les mosquées ont remplacé les temples et on parle kazak. J’atteris dans un restaurant turc, tout fou à l’idée de renouer avec un peu de diversité alimentaire.
Ce week-end c’est le festival des aigles: le rassemblement annuel des chasseurs kazaks qui prennent un bain de gloire du haut de leur monture, leur aigle sur le bras droit. Une foule de curieux se presse autour d’eux et je n’ai jamais vu une telle concentration de téléobjectifs dans un endroit aussi paumé. C’est curieux notre fascination de modernes à l’égard des traditions et des modes de vie plus archaïques. Nous rêvons de cette authenticité originelle perdue que ces chasseurs ont préservé et en même temps on n’imaginerait pour rien au monde vivre comme ça. En attendant les modèles sont magnifiques et je mitraille comme tout le monde, ce qui n’a pas l’air de chagriner les stars aux manteau de fourure, tout le monde se régale.
On est allé marché à l’ouest d’Olgii pendant 2 jours, dans l’étroite vallée du Gol entre les montagnes de l’Altaï, à cotoyer les ocres des roches et les quelques arbres d’or sur les rives. C’était grandiose jusqu’à la fin oú on a du abandonner parceque l’hiver mongol a commencé et que la steppe blanchit à vue d’oeil. Seulement j’ai perdu les photos et j’en ai été malade toute une après midi. C’est une malédiction de photographe ce sentiment que si on n’a plus les photos c’est comme si c’était pas arrivé, comme si mon cerveau avait subit le même formatage que la carte sd. De nos jours, quelque chose existe d’autant plus qu’il est partagé. Tout ça fait que j’ai du mal à rester tranquile devant un paysage sans plus d’ambition que d’apprécier l’instant. Pourtant on m’a dit tantôt que c’est inutile de regarder le passé parcequ’on le porte en soi. C’est la raison que je me fais pour cette fois, après tout je me souviens de chaque cadrage. Pour moi ça change pas grand chose, sauf peut-être frustrer un collectionneur.