Les vieux dans les parcs
Le jeune au sac à dos est toujours plus ou moins en mouvement par definition, il cherche, il pense a l’avenir, il découvre, s’émerveille. Parce qu’il attend quelque chose, s’envoie un casse dalle ou offre un répit à ses vertèbres, il fait des pauses dans des parcs. Là, il se retrouve nez à nez, ou plutôt banc à banc avec un de ses inverses: les vieux qui tuent le temps. Il ont leur position favorite, celle qui ménage les membres endoloris, souvent se tiennent la tête prétendument pensifs. Ils matent sans ambition. Parfois seuls, souvent accompagnés, la différence ne s’entend pas, le silence règne. On s’est déjà plus ou moins tout dit non? On ne parle qu’en cas de force majeure, si un commentaire s’impose sur les conditions météorologiques peut être. Et puis a un moment, on ne sait pas trop pourquoi, c’est l’heure. Ils se hissent sur leurs cannes, font mine de dépoussiérer un bout de blouson et de retendre un bout de col et s’élancent lentement, tête haute et mâchoires serrées, dans un effort de faire mine de rien alors que tout fout le camp. Ces quelques pas du parc à la maison c’est pas rien. J’aime regarder ce qui m’attend, attendre aussi, dans les parcs avec les vieux. Oublier pour un temps ce à quoi je dois penser pour vivre le moment present, faire une pause, prendre le temps de le perdre, contempler ces ambassadeurs de la contemplation, experts en slow life. Le voyageur doit en prendre de la graine.