Le printemps de Leipzig
Un tramway passe, je franchis une porte taguée en face d’un immeuble aux fenêtres murées. Dans le hall pas un pan de mur sans vélo. Ils débordent jusqu’aux premières marches. A chaque palier, deux imposantes doubles portes entre baroque et art nouveau. L’une d’entre elle est celle de mon contact. Les pièces sont grandes et le couloir large. C’est un immeuble entre deux siècles et il flote dans ses volumes le souvenir d’occupants bourgeois. Mais aujourd’hui chaque chambre est remplie d’un charmant bazar de jeunes et d’une grande variété de chaises. Il y a des gens qui passent, l’appart d’à côté et celui d’en dessous, ce sont des copains, il y a juste un mur ou un plafond de séparation parce que c’était foutu comme ça. La porte est ouverte a pas mal de tendresse.
En bas, ça prend un coup sur le grand trotoir devant le mini shop. La moitiée du magasin est occupée par des frigos à bière, l’autre par la file de jeunes qui passent à la caisse. Tout le monde se cause. Des punks gauchistes sont posés devant un local qui crache une musique branchée, même chose en face et plus loin avec une population sapée différement mais du même âge et dont je parie qu’elle a quelque chose à voir avec l’art. On est en mai 2016 à Merseburgerstrasse, Leipzig Ouest.
Je récupère un vélo et pousse jusqu’au parc central, un veritable corridor vert diraient les urbanistes, flanqué en plein centre, comme si il n’y avait jamais eu de pression foncière. Je tombe sur un des plus grand rendez-vous vous gothique d’Europe, tout le monde est déguisé, c’est complètement loufoque pour un parisien et presque normal à Leipzig. Déjanté et bon enfant en même temps. On entend les choeurs de Bach et de la techno minimaliste dans la même journée.
A Leipzig c’est le printemps. Un rennouveau frémissant et alternatif s’est installé dans les restes d’une ville qui n’a pas bien vécu la fin du socialisme. Semblerait pour l’instant qu’il faille mieux être étudiant amateur de nuits blanches que diplômé en quête de job à Leipzig mais reste que ça rebondi, qui sait vers où?