Intermèdes bichkekois
J’ai du passer quatre fois par Bichkek. La tête plantée dans le plafond d’une de ces cages à contorsion ambulantes qu’on appelle mini bus pour redonner du sens à sa vie, je me suis demandé combien de mes homologues sardines étaient à Bichkek par amour de Bichkek. On viens ici parcequ’il y a du boulot, des affaires, des administrations, des grands magasins, des universités et des boites de nuits. Mais tout ça est fichu au milieu d’un hiver d’immeubles sans plus époque que d’intention, qui remplacent petit à petit les experimentations sovietiques les moins charmantes d’habitat collectif. Ah, pauvre touriste qui court du consulat se faire dépouiller â la banque sur les trottoirs de glace. Et comme si ce n’était pas assez le voilà arrêté par les faux flics et les vrais ripoux qui voient en lui la nouvelle combine pour traire Bichkek. Ce n’est pas une ville à visiter, c’est une ville à vivre. Abstraction faite de ce décor abstrait, c’est pas moins bien qu’ailleurs: les barres sont remplies de chaleur et de gens biens, les jolis minois font sourire les rues du fond de leur chaperon auréolé de fourure et le marché se fout bien du froid.