Les baignoires d’Aksuu
Le plafond que je contemple lassivement depuis une quinzaine de minutes est criblé de petites montagnes de condensation. A intervalles réguliers une montagne s’envole droit vers le ciel et goutte sur mon genou immergé. Le carrelage vieillot et vieilli est eclairé par l’auréole jaunatre du plafonier. La rouille de la tuillauterie soviétique a été camouflée d’une couche de peinture. L’eau de la source inonde les mêmes baignoires mille fois remplies. J’entends mon voisin qui sifflote, des bruits diffus de robinet, brouillés par une acoustique de salle de bain et noyés dans une raisonnance de piscine. Moi je capitule tranquillement et mijote comme un légume vapeur, en apesanteur dans l’eau chaude et je me dis que Marat n’a pas eu une mort si terrible.