Amir au pays des merveilles

Le bus s’arrête en attendant que les pelleteuses s’occupent de la neige. Il y a cinq heures à Bandar Abbas, il faisait vingt-six degrés. En Iran il n’y a que trois cent kilomètres entre deux saisons. Pas question de rester à l’abri, tout Kerman prend la route de la montagne pour aller célébrer par un embouteillage cette bénédiction blanche qui promet de mouiller la sécheresse des plaines. Le seul autre zigoto en sac à dos qui remonte la rivière de voitures, c’est Amir, ami campeur d’Ormuz qui m’a rejoint: on va vers le désert le plus chaud du monde de l’autre côté du mur de glace.

Alors qu’on croise les dernières voitures qui redescendent vers Kerman en bloquant les deux files, un pick-up apparait dans notre dos. C’est notre seule chance de passer de l’autre côté de la montagne avant la nuit et il nous pick-up , on s’enroule sous la bache à l’arrière et franchit le tunnel comme deux miraculés. Malgré les mises en garde de nos sauveurs sur une tempète de sable qui ferait rage à Shahdad on continue le stop jusqu’à la porte de chez Parvin, la mère du type au pick-up. C’est une belle vieille au regard imposant, une prestence de grande actrice discretement contente d’avoir un peu de compagnie dans sa grande maison.

